Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, est l’invité de Vinti Minuti. Membre de la commission consacrée à la loi sur la fin de vie, le chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou dénonce un texte dangereux. D’origine corse, il s’exprime également sur le processus d’autonomie en cours.
C’est l’un des textes les plus sensibles et les plus attendus de l’année qui sera soumis aux députés à partir de lundi : la loi sur la fin de vie, avec ses deux volets : soins palliatifs et aide à mourir. Un projet de loi, qui se veut équilibré, mais qui a été sensiblement amendé lors de son passage en commission.
« ON VOIT BIEN QU’ON EST PASSÉ À UNE LOGIQUE OÙ TOUT EST POSSIBLE, ET EN MÊME TEMPS ON NE RÉPOND TOUJOURS PAS À LA QUESTION FONDAMENTALE, EN CORSE NOTAMMENT, DES SOINS PALLIATIFS »
« Beaucoup de digues de sécurité ont sauté », regrette Philippe Juvin, qui a participé aux travaux de cette commission. « Je ne vous donnerai qu’un seul exemple, l’euthanasie et le suicide assisté seront désormais possibles, y compris si vous n’êtes pas en fin de vie, explique le député, mais aussi professeur de médecine. Si vous avez un cancer évolué, mais avec devant vous de nombreuses années de vie grâce aux nouveaux traitements, eh bien vous pourrez demander l’euthanasie. On voit bien qu’on est passé à une logique où tout est possible, et en même temps on ne répond toujours pas à la question fondamentale, en Corse notamment, des soins palliatifs. Un Français sur deux qui a en besoin n’y a pas accès. Et comme on ne sait pas répondre à cette question pour des raisons budgétaires, de désorganisation, on offre l’euthanasie ». Philippe Juvin se refuse pourtant à parler de logique comptable : « Non, je ne dis pas ça parce que cela serait d’une gravité extrême, mais il est clair que le recours à l’euthanasie et au suicide assisté, dans tous les pays où ça a été fait, a eu tendance à faire diminuer les dépenses de santé. La fin de vie, les soins palliatifs, ça coûte très cher à la collectivité ».
Autre thème évoqué : l’autonomie de la Corse. D’origine insulaire, d’Ucciani, où il se rend régulièrement, le député LR des Hauts-de-Seine a suivi de près le processus de Beauvau. A quelques mois de l’examen du projet à l’Assemblée nationale, il se dit réservé sur le point essentiel, le transfert de pouvoir législatif.
« QUI IMAGINE UN INSTANT QU’ON AURA DES LÉGISLATIONS DIFFÉRENTES ENTRE LA CORSE ET LE CONTINENT ? »
Ça coince forcément, lâche Philippe Juvin, car peut-on avoir des lois différentes en Corse et sur le continent ? On sait très bien que nous sommes déjà tenus par des textes de loi européens, nous obligeant, dans certains domaines, à avoir des règles communes entre la France, l’Allemagne et et les autres pays européens. Donc qui imagine un instant qu’on aura des législations différentes entre la Corse et le continent ? ».