Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le vrai tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat.
La dégradation de la note de la France par Fitch confirme ce que chacun sait : l’économie française décroche en dépit d’une dette publique qui ne cesse d’augmenter. L’Etat a beau dépenser toujours davantage, la croissance reste faible et le pouvoir d’achat progresse moins qu’ailleurs: si la France avait eu la même croissance que les Etats Unis lors des quinze dernières années, les Français seraient plus riches de 30 %.
Cette situation s’explique non par l’insuffisance de taxes, mais par une stagnation de la productivité – l’écart avec les Etats-Unis, là aussi, n’a cessé de se creuser (10 points depuis 2019). C’est donc l’absence d’innovation, le manque d’investissement dans le capital matériel, immatériel et humain qui devraient être au cœur du débat public.
Pourtant, une certaine classe politique préfère s’illusionner dans la célébration de la « taxe Zucman ». A l’écouter, cette taxe qui porterait sur 1 800 « ultra-riches » devrait renflouer les caisses de l’Etat et ramener de la « morale fiscale ». Une solution miracle…
Cette taxe est une illusion fiscale. Son introduction ne résoudra nullement les problèmes de productivité et de croissance mais favorisera, encore une fois, le démantèlement de l’appareil productif français, en accélérant la fuite des talents et du capital et en contraignant à la vente les pépites nationales
Méconnaissance. Sauf qu’elle repose sur une méconnaissance profonde des mécanismes économiques les plus élémentaires. En proposant d’imposer un patrimoine financier, cette proposition de taxe oublie qu’elle ne porte jamais sur un revenu disponible : ce n’est pas parce que vous êtes actionnaire d’une entreprise dont la valeur estimée, qui peut fortement varier, est élevée (parce que le marché parie sur son potentiel) que vous disposez de liquidités équivalentes. Parfois, l’entreprise n’est pas même rentable. Certains entrepreneurs n’auront donc d’autre choix que de revendre une part de leur entreprise, notamment à des fonds étrangers, pour acquitter un impôt Zucman sur des actions qu’ils n’auront plus. Fascinant non?
Et quand Thomas Piketty suggère qu’ils n’ont qu’à vendre ce capital aux salariés ou à l’Etat, il oublie que les premiers n’ont pas les moyens, ni peut-être l’envie, de le faire, et que le second ne s’est jamais distingué par ses capacités de gestionnaire. Sans quoi, la dette ne serait pas de 114 % du PIB.
L’argument selon lequel cette solution permettrait d’enfin taxer les holdings est au demeurant totalement fallacieux : les revenus qu’elles perçoivent sont déjà soumis à l’impôt sur les sociétés (à 25 %), puis à nouveau taxés à 30 % lorsqu’ils sont distribués.
Autrement dit, cette taxe est une illusion fiscale. Son introduction ne résoudra nullement les problèmes de productivité et de croissance mais favorisera, encore une fois, le démantèlement de l’appareil productif français, en accélérant la fuite des talents et du capital et en contraignant à la vente les pépites nationales.
Si la France parvenait à faire émerger ne serait-ce que deux « Mistral » du calibre de Nvidia, leurs contributions rapporteraient davantage aux finances publiques que dix taxes Zucman
Champions. C’est aux Etats-Unis, et non en France, que Stéphane Bancel a par exemple fait émerger Moderna et contribué à une révolution scientifique mondiale. C’est vers les marchés financiers les plus dynamiques que les jeunes entreprises se tournent pour accélérer leur croissance. C’est là-bas que se déploient aujourd’hui les champions qui façonnent l’économie de demain et notre avenir.
Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le véritable tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat.
Ce sont elles, et non la dépense publique, qui ont permis à la France, il y a quelques décennies encore, d’être un phare social et technologique pour le monde. Et ce sont elles qui permettront à l’avenir d’inverser le décrochage social, en offrant à chacun l’opportunité de vivre mieux que ses parents.
Mais pour retrouver cette trajectoire, il n’y a pas de solution magique. Il faut miser sur l’innovation, la compétitivité, libérer les forces productives et redonner confiance à ceux qui entreprennent. Si la France parvenait à faire émerger ne serait-ce que deux « Mistral » du calibre de Nvidia, leurs contributions rapporteraient davantage aux finances publiques que dix taxes Zucman. La solution n’est donc pas dans l’augmentation des impôts, ni dans une prétendue morale fiscale, mais dans la libération des énergies économiques, qui passe par une réduction du fardeau fiscal qui pèse sur les entrepreneurs et les investisseurs.
Le débat public ne peut donc se réduire à une chasse aux sorcières contre celles et ceux qui ont réussi. Ce n’est pas en taxant les milliardaires qu’on crée de la croissance ni qu’on améliore l’efficacité des services publics. Sans quoi le communisme aurait été un franc succès. L’important est de redonner l’envie d’entreprendre, de libérer l’innovation et de promouvoir la création de richesses : une tâche plus complexe, bien loin des solutions faciles et du « prêt à taxer », mais nécessaire pour que notre chère France rayonne à nouveau.
Pour notre classe politique comme pour nous, électeurs, il est temps d’abandonner les illusions pour se mettre au travail.