Le député a adressé un courrier au ministre des Affaires étrangères, lui enjoignant d’intervenir «immédiatement», en mettant en place une «noria maritime», afin d’assurer le retour sécurisé des Français dans les meilleurs délais.
Alors qu’Israël et l’Iran ont échangé de nouvelles frappes mercredi, au sixième jour de leur pire confrontation militaire, les vols au départ d’Israël sont actuellement annulés, l’aéroport de Tel Aviv a été évacué et l’espace aérien israélien reste fermé. Résultat, de nombreux touristes, dont beaucoup de Français, se retrouvent coincés sans solution.
«En l’absence de vols, seules les sorties par voie terrestre sont possibles dans l’immédiat», indique le consulat de France à Tel Aviv, en renvoyant sur une ligne téléphonique d’urgence ouverte 24h/24 par le centre de crise et de soutien. Il invite également les Français de passage en Israël à s’inscrire sur l’application «Fil d’Ariane» et se signaler au Ministère du Tourisme israélien, qui recense actuellement via un formulaire dédié les touristes étrangers bloqués.
Face à cette situation, alerté par des témoignages sur les réseaux sociaux et des appels de personnes de sa circonscription, le député LR des Hauts-de-Seine Philippe Juvin a adressé ce mercredi une lettre au ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot, l’exhortant de «tout mettre en œuvre pour les rapatrier». Le député fait part de son étonnement sur deux points. Tout d’abord, «plusieurs délégations européennes auraient , ces derniers jours, réussi à organiser le retour de leurs ressortissants. Est-ce vrai? Pourquoi restons-nous immobiles pendant qu’ils agissent? », interroge-t-il. D’autre part, selon l’élu, «certains vols affrétés pour rapatrier des ressortissants israéliens repartiraient à vide. Est-ce vrai? Pourquoi ne sont-ils pas mobilisés pour évacuer les ressortissants français?» questionne Philippe Juvin.
Plusieurs pays européens ont rapatrié mercredi des centaines de leurs ressortissants: l’Allemagne doit évacuer quelque 200 personnes d’Israël mercredi par un vol commercial affrété depuis la Jordanie, a indiqué Christian Wagner, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Berlin. Un second vol au départ de la capitale jordanienne, Amman, est prévu pour jeudi, a-t-il précisé.
À Rome, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a indiqué que des vols étaient organisés depuis Amman pour les Italiens qui souhaitaient quitter Israël. La Grèce a quant à elle rapatrié 105 de ses ressortissants et membres de leurs familles depuis Charm el-Cheikh, en Égypte. Cette opération a également permis de rapatrier des Américains, a précisé le ministère grec des Affaires étrangères, sans indiquer leur nombre.
Un premier groupe de Polonais a pu regagner son pays d’origine et un autre vol est prévu jeudi, a précisé le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski sur X tandis qu’à Sofia, un avion privé avec 148 personnes évacuées, dont 89 Bulgares, a atterri dans la nuit de mardi à mercredi.
Qu’attend le député de sa missive? «Je demande de la transparence et de l’agilité dans la réaction», déclare Philippe Juvin au Figaro. «Je ne comprends pas cette absence d’agilité de la France dans des situations complexes. Il faut à la manœuvre des gens prêts à prendre des décisions qui sortent du cadre habituel. Il paraît qu’on a la meilleure administration du monde, qu’elle le montre!», poursuit l’élu.
Appel à la Marine nationale
Celui qui est aussi chef des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris se souvient avoir participé en tant que médecin, lors de l’offensive israélienne de 2006, au rapatriement de Français bloqués au Liban dans des conditions similaires. « Les bombes pleuvaient sur Beyrouth, mais nous avions chargé des ressortissants français sur un navire de la marina nationale qui débarquait les gens à Chypre, se souvient l’élu.Donc techniquement, c’est possible, on avait évacué massivement des gens du Liban par ces voies», poursuit-il en réclamant la mise place immédiate d’une noria maritime entre Israël et Chypre, assurée par la Marine nationale.
Interrogé mardi lors des questions au gouvernement (QAG) par le député Patrick Hetzel, qui avait souligné «l’urgence de protéger et rapatrier nos ressortissants aussi bien en Israël qu’en Iran», le ministre Jean-Noël Barrot avait botté en touche.