Hanna Krall est une écrivain polonaise, plusieurs fois interdite au temps du communisme. Dans ce livre au style brutal, direct, à la fois très littéraire et très libre, elle rapporte ses entretiens avec Marek Edelman, le seul survivant parmi les cinq commandants militaires du ghetto de Varsovie. "1:400 000. Tout à fait dérisoire. Mais puisqu'une vie représente cent pour cent pour chacun, peut-être que ça a tout de même un sens." Ce livre est un beau moment profond sur l'engagement. Les faiblesses des démocraties par rapport aux dictatures. La faiblesse de ceux qui sont manipulés par les extrèmes, et qui font leur jeu par incompréhension des rapports d e force. La naïveté des démocrates face à tous ceux qui veulent imposer par la peur et la force leurs thèses. Ecrit pour mettre en garde contre l’Allemagne d’avant guerre : les commentaires de Benda sont applicables aux démocraties d’aujourd’hui face aux nouveaux visages des dictatures politiques ou religieuses. « La suprème valeur pour la démocratie n’est pas la vie humaine, mais la liberté humaine
. Un essai sur la légitimité de l’Europe à prétendre à l’universalité. A faire lire aux eurosceptiques qui croient défendre la nation, et qui , se faisant, nient les valeurs de la civilisation européenne dont ils sont pourtant fiers. A faire lire aussi à tous ceux qui tentent de nous faire croire que toutes les civilisations ont apporté un lot identique de progrès et de grandeur. Soyons fiers de l’Europe.
La vie, au jour le jour, dans le ghetto de Varsovie, puis dans Varsovie insurgée. Témoignage en direct, sans fioriture. La faim, la misère, le danger, l’innommable. C’est court, c’est net, c’est aiguisé. A faire lire aux malheureux négationnistes.
« Un roman de Jules Romains qui commence alléchant. Une femme mène grand train, et son fils adoptif mène l’enquête. Qui est-elle vraiment ? Une espionne, une aventurière, une triple meurtrière ? Bref, le suspens monte peu à peu. Et puis le livre se termine, brutalement. On ne saura pas. La dame entre dans les Ordres. Soit. On n’en saura pas plus. Inabouti comme la vie réelle. Moi qui croyais que les romans permettaient de s’évader.
« Alors là, lisez le absolument ! Le principe est simple. Un homme réfléchit un jour qu’il est totalement seul. Personne, à aucun endroit, ne pense à lui. Excepté peut être son pauvre vieux père qui vit loin. Et puis le monsieur meurt, seul bien sûr. Sa mort va provoquer une série de petits évènements de la vie qui vont chacun faire qu’une multitude de gens penseront, ne serait-ce que qques instants, à lui qu’ils n’ont pas connus. La concierge qui découvre le corps, l’enfant qui va chercher le commissaire, celui qui va porter la nouvelle au télégraphe, l’agent du télégraphe qui va imaginer qui est le mort, ceux que le père rencontrera en se rendant veiller son fils, ceux qui croiseront le cortège, ceux qui loueront son logement … bref, un très beau et intelligent roman. Non, nous ne sommes pas seuls.
« La vie romancée de Jacques Cœur. Rufin est éblouissant. On suit le petit Jacques de sa jeunesse au maximum de sa puissance à travers cette France de Charles VII. Histoire romancée d’une vie hors du commun. L’ascenseur social existait aussi (encore ?) à cette époque . La puissance rend-elle heureux ?
« Ce livre, dont je ne sais s’il a été republié, est une somme de chroniques que Benda tenait dans un certain nombre de journaux. Clairvoyance de cet homme exceptionnel, qui inspira Aron et Revel.
« L’écrivain politique a affaire aux masses, qui l’adoptent pour le simplisme de sa pensée et le quitteront out de suite s’il s’avise d’y introduire du doute ou simplement de la nuance » « Je professe absolument et sans réserve que la science n’a d’autre objet que la vérité elle-même, sans souci des conséquences bonnes ou mauvaises, regrettables ou heureuses, que cette vérité pourrait avoir dans la pratique ».
« J’étais médecin dans les tranchées » est le journal de combat de Louis Maufrais, médecin militaire mobilisé le 2 août 1914 et démobilisé le 14 juillet 1919. Ce livre a une histoire. Ses petits-enfants ont découvert les carnets que Louis maufrais avait remplis au fur et à mesure des jours, et un enregistrement qu’il se décida à faire à la fin de sa vie. De ces carnets et de ces enregistrements a été bati ce livre poignant. Qui vaut souvent Ernst Jünger. Sur plus de 6000 médecins engagés dans le service de santé, il a été recensé moins de vingt témoignages. Un mutisme qui révèle, selon Marc Ferro, l’indicible expérience de la violence faite aux soldats. En 1914, les médecins furent les premiers confrontés aux effets d’une guerre moderne qui mutila et déchira les corps de façon encore inconnue